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(R)evolutionary robotics ou le darwinisme robotique

Bénéficiant de la grandissante accessibilité des technologies robotiques et des progrès fulgurants de l’intelligence artificielle, nous assistons à une extrême diversification du monde robotique.

Dans son ouvrage L’origine des espèces Charles Darwin établit sa théorie de l’évolution et les principes de la sélection naturelle parmi les espèces. Il y décrit notamment l’ajustement fonctionnel des espèces en fonction du milieu naturel : l’adaptation.

En parcourant les allées du CES 2020, je me suis retrouvé, tel Charles dans les Galapagos, à observer une grande variété d’espèces non pas vivantes mais robotique : de la forme la plus simple à la plus complexe. D’une année sur l’autre j’ai ainsi pu constater l’évolution de cette “faune” qui se diversifie : beaucoup de nouveautés mais aussi quelques disparitions.

Des robots mono usages

Charmin de P&G
© P&G

Comme d’autres sociétés qui ont compris que pour faire parler d’eux il fallait surprendre (voir le roboraclette ou la patate connectée…), Charmin de P&G présentait Rollbot, un concept de robot livreur de papier toilette. Créé probablement uniquement pour le salon, ce robot soi-disant “intelligent et autonome” n’existe et n’existera certainement jamais dans vos maisons.

Feline Server Robot
Feline Server Robot © DH Bismuth

Moins expérimentale, Pudu a conçu le Feline Server Robot, un robot serveur pour vous apporter vos plats au restaurant. Sa particularité en plus de ses traits “émotionnels” tirés du chat (il sourit, tire la langue ou bouge ses oreilles), il réagit à la caresse (si vous aviez toujours rêvé de caresser vos serveurs…) et chose surprenante, s’énerve si vous le caressez trop longtemps et l’empêchez de faire son travail.

Des robots modulaires

PingPong Robot
© PingPong

A l’instar du robot PingPong de Roborisen, le robot n’a pas de forme défini mais se construit en fonction de l’usage que l’on souhaite lui donner avec tous les modules disponibles : en plus du cube de base “sensible” contenant accéléromètre, gyroscope et moteur, on peut y ajouter des roues, bras, pattes,… L’usage est purement éducatif mais l’approche de “survie” est intéressante : on laisse l’utilisateur choisir la forme et l’usage.

Des robots apprenants

Kazuma Tateishi, fondateur d’Omron avait théorisé dans les années 70 une relation circulaire et mutuellement nourrissante entre les sciences, les technologies et les sociétés visant en ce début du 21e siècle une harmonie entre les hommes et les machines. Au delà d’un remplacement des tâches humaines ou d’une collaboration visant à tirer parti du meilleur de l’homme et du robot, Omron vise ainsi une harmonie où tant l’homme que la machine étend ses capacités en se nourrissant de l’autre.

forpheus robot ping-pong
Forpheus © Omron

Le robot Forpheus apprend ainsi de ses adversaires, adapte son jeu quasi instantanément en fonction de son style, de ses mouvements ou de ses attaques permettant ainsi aux joueurs de s’améliorer progressivement.

Dans la même lignée, des chercheurs de l’IDIAP (Institut d’Intelligence Artificielle Perceptive), ont démontré avec leur roboraclette, qu’un robot pouvait ainsi tout apprendre. En observant les gestes précis du chef Eddy Baillifard, ambassadeur du fromage à raclette du Valais AOP, le robot a ainsi appris à reproduire le geste ancestral du raclage du fromage. Le robomomimétisme (quand les robots nous imitent, définition à créer dans Wikipédia 🙂 ) , à défaut de faire progresser l’humanité, va probablement nous faire économiser un temps non négligeable pour innover.

Des exa-robots

Exa Sarcos
Sarcos © DH Bismuth

Delta Airlines avait créé la surprise au CES cette année avec une approche d’innovation ouverte avec des partenaires externes afin d’améliorer l’expérience de ses clients et de ses collaborateurs. C’est le cas avec l’exosquelette de Sarcos qui démultiplie la force de son utilisateur : on soulève ainsi des charges de plus de 100kg sans effort. Est-ce un autre exemple de l’harmonie homme-machine décrite par monsieur Tateishi ?

Des robots adaptés à leurs environnements

Sous l’eau

CHASING M2 ROV
© Chasing

Chasing innovation révélait son ROV (Remotely Operated Vehicle) intitulé M2, robot sous-marin dédié à l’inspection de coque de bateaux ou d’infrastructures sous-marines.

Dans les airs

V-Coptr Falcon de Zero Robotics
V-Coptr Falcon © Zero Robotics

Le V-Coptr Falcon de Zero Robotics se démarque des drones actuels avec seulement 2 hélices vantant ainsi une autonomie deux fois plus grandes. En plus d’un système d’évitement des obstacles ou de suivi de personnes, ce drone volant affiche ainsi plus de 50 minutes de temps de vol (contre 30 en moyenne). Il rappelle de manière amusante la forme d’un rapace planant pour repérer sa proie.

Sur terre

robomantis
© Robomantis

Moltiv robotics a lancé son RoboMantis, un robot quadrupède pouvant évoluer dans des environnements escarpés ou difficilement accessibles. On notera le choix de mixer des roues et des jambes, probablement pour s’adapter à des sols plats (où la vitesse est attendue) ou à des sols biscornus (où les roues ne passent pas).

En conclusion nous ne pouvons pas avoir de certitudes quand à la meilleure forme du robot qui s’adapte à son environnement et à son usage attendu. Ce qui est certain c’est la future extrême diversité du monde robotique qui est accélérée par la grandissante accessibilité des technologies robotiques couplée aux progrès fulgurants de l’intelligence artificielle. Car c’est là que réside l’évolution : dans l’apprentissage et l’expérimentation. Et dans ce processus sélectif, de nombreuses espèces robotiques vont disparaître mais aussi apparaître.

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